Programmation

Du pain et des jeux. Voilà ce qui suffisait, à l’époque romaine, pour contenter un peuple qui ne grondait que très rarement. Mais, quid de cet autre temps où le petit Jésus était encore petit, puis grand, puis mort, puis vivant (à Pâques justement).

Aujourd’hui, bien que le « pain » soit encore au cœur des préoccupations humaines (une question de survie, paraît-il), qu’en est-il des jeux, ou plus précisément du divertissement ? Vers quoi l’espèce humaine doit-elle se tourner pour oublier, l’espace d’un moment, qu’elle ne doit ses journées qu’à son pur sens de l’abnégation ?

Mais vers les ARTS pardi ! Vers ces productions que ses congénères ont su créer dans un moment d’égarement, de folie, de génie et parfois même dans ces trois états à la fois.

Et quoi de mieux que de célébrer tout ceci dans la ferveur quasi-religieuse d’un festival de Cinéma prenant place dans un ancien Temple durant les fêtes pascales (très mystique tout ça !) ?

Au public de se rassurer face à des productions tellement mauvaises que même leurs enfants feraient mieux (on vous a entendu au musée, au théâtre et au cinéma, ne niez pas), de s’émouvoir face à des films si merveilleux que même leur cœur pleure de bonheur, de rendre hommage à un genre cinématographique, discret en Suisse, en reprenant en chœur les homélies des personnages principaux.

Puis, contrairement au « pain », pour une somme abordable pour tous, ne permettant aucune discrimination f inancière et rendant enfin au Cinéma son doux petit nom d’Art Populaire que les exploitants, par le bais de la politique de diffusion suisse, considèrent comme une suprême insulte.

Voilà ce que l’équipe de programmation des Etranges Nuits du Cinéma s’emploie, depuis maintenant 19 ans, à proposer à un public qui évolue, tout comme ses prêcheurs changent. Mais rassurez-vous, l’hostie aura toujours un goût de sang, de chair décomposée, de poisson, de plastique et de métal, gage d’un Cinéma de genre dont elle se veut être l’une des voix.

Praise the Lloyd ! Amen !