Programmation
LE MOT DE LA PROG’
Que l’on programme pour un festival ou que l’on gère sa propre vie, chaque année arrive le moment convenu du bilan. Et, comme la grippe en hiver, une remarque revient de manière récurrente (surtout lorsqu’on a dépassé confortablement la trentaine) : c’était mieux avant !
Toutefois, plutôt que de se lancer dans des considérations philosophiques sur la vie, de jouer les vieux cons désabusés, de citer du Neg’Marrons pour évoquer subtilement le temps qui passe ( et beaucoup de choses ont changé… ), attachons-nous au bilan de quelques 20 ans d’existence cinématographique, à l’époque où Les Étranges Nuits du Cinéma sont nées.
Est-ce que donc, finalement, le cinéma c’était mieux avant ?
Du côté de l’histoire (a.k.a le scénario), on constate sans grande difficulté que sorti de l’univers des comics (qui continue à s’écrire), il n’existe plus que 4 ou 5 scénarii selon le genre que l’on souhaite réaliser, et qui finissent par devenir affreusement interchangeables. L’avènement de plateformes telles que Netflix, sans en être responsable,
en est tout le moins le symptôme.
Quid de Ça, Ghosbusters, Chucky, Halloween, Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13, Freddy, Jumanji, Jurassic Park ou Alien (même si ces films ont plus de 20 ans) ? Ah oui, que nous sommes sots, ils ont déjà tous eu droit à leurs reboots, prequels, sequels et autres termes en el… Peut-être donc que l’on s’avance un brin, mais nous pouvons dire sans trop rougir que oui, le cinéma, c’était mieux avant.
Et du côté des effets spéciaux ? Est-ce que la comparaison entre les animatroniques et les CGI (qui font pleurer les acteurs les plus chevronnés tels que Ian McKellen) est justifiée, voire même sensée ? À cela, nous levons notre petit poing révolutionnaire et répondons (une nouvelle fois sans rougir) que non, on ne peut soutenir la comparaison entre des effets visuels qui ne vieillissent pas et des images numériques en constante évolution et que oui, le cinéma, c’était mieux avant.
Un domaine toutefois reste d’une superbe constance : la politisation du cinéma. De la dénonciation des conflits armés à celle des inégalités sociales, le cinéma a toujours
trouvé un moyen de se frayer un chemin pour mettre en avant les questionnements sociétaux, à l’instar de chaque medium artistique à chaque bouleversement culturel et social. En cela, remercions le cinéma de n’avoir point perdu de sa verve, surtout à l’ère toute choupinette du revival de la censure aux endroits où ne l’attendait pas.
Enfin, une question brûle forcément vos lèvres suspendues aux nôtres : est ce que les festivals de films, et plus particulièrement les Étranges Nuits du Cinéma, c’était mieux avant ? Et bien là, même si nous prêchons pour notre paroisse, nous répondons non. Car nous faisons face à des questionnements en constante évolution et à des impondérables qui demandent de nous adapter sans cesse afin de vous permettre d’avoir accès à un genre cinématographique toujours si peu représenté en Suisse, tout en proposant le tout dans l’écrin merveilleux d’une expérience globale faite d’immersion, de rires et de fête.
Alors, un grand merci à vous pour votre soutien indéfectible et grandissant depuis maintenant 20 ans. Car, 20 ans de vie pour un festival de films de genre en Suisse est une belle prouesse que nous nous devions de constater et d’apprécier.
Soyez témoins !
BATMARIE A.K.A IMPERATOR MARIOSA
IMPÉRATRICE ORGASMIQUE DE LA DÉCISION FILMOGRAPHIQUE